Y a-t-il des journalistes d’investigation en Guinée ? S’interroge Sékou Koundouno
La question mérite bien d’être posée. Dans le combat pour la démocratie, l’État de droit, la justice et la liberté, chaque acteur de la société a un rôle à jouer. Si chacun croise les bras ou ferme les yeux, par peur ou par intérêts, c’est le pays tout entier qui serait livré à une minorité de Guinéens qui en ferait ce qu’elle veut en fonction de ses intérêts et non de ceux de la communauté.
Le combat des activistes de la société civile n’est pas exclusivement le leur ; c’est celui de l’ensemble du peuple de Guinée car tout citoyen aspire à la liberté, à la justice, à l’égalité devant la loi, à la démocratie et est en quête permanente du respect des droits et libertés individuels et collectifs.
Dans cette quête, les journalistes, en particulier ceux qui portent ou se donnent l’étiquette de » journalistes d’investigation » ont un rôle des plus importants.
Depuis presque deux ans des acteurs politiques de premier plan et des hauts commis de l’État sont emprisonnés pour des faits présumés d’infractions économiques et financières. Mais au même moment, des allégations d’enrichissement illicite sont portées contre des membres de la junte militaire, à commencer par le putschiste en chef, Mamadi Doumbouya. Ce dernier est en train d’acheter des dizaines de terrains à Conakry et de construire des bâtiments à plusieurs étages dans le Grand-Conakry, sans compter ceux qu’ils donnent. Il en est de même de plusieurs membres du CNRD et du Gouvernement. Tout cela se fait à ciel ouvert. Des citoyens font état de constructions ou d’achats de terrains à coup de milliards tant en Guinée qu’ailleurs.
Ce sont des sujets auxquels les journalistes d’investigation devraient s’intéresser dans leur mission d’information du peuple. Qui ne sait pas aujourd’hui que Mamadi Doumbouya a acheté presque toute « La Minière » et tout Kipé Kakimbo ?. Il se permet même de faire garder son chantier de Kipé par des agents des Forces Spéciales au lieu de recourir à des entreprises privées de gardiennage. Quand ces agents sont accusés de vol sur ledit chantier, ils sont radiés comme s’ils étaient au service de la République, et en l’absence tout procès.
Mamadi Doumbouya serait-il devenu la République ?
La presse, sans être partisane, doit contribuer plus activement encore à démasquer ces bandits qui se sont emparés du pouvoir le 5 septembre.
En attendant, que chaque Guinéen qui connaît des terrains ou des maisons achetés par les membres du CNRD et du Gouvernement essaie de les localiser et de les prendre en photo afin que des dossiers commencent à être constitués des maintenant en vue de la future saisine d’une juridiction différente de la CRIEF d’Aly Touré qui n’est qu’un instrument politique et de règlement de comptes.
SEKOU KOUNDOUNO
RESPONSABLE DES STRATÉGIES ET PLANIFICATION DU FNDC