Regain des cas d’éboulement à Siguiri : un spécialiste en santé-sécurité interpelle l’autorité de l’État
L’inquiétude est grandissante à Siguiri, une zone aurifère de la savane guinéenne située à plus de 700 km de la ville de Conakry. Là-bas, il ne se passe une semaine sans enregistrer des cas de morts, soit par attaque, accident ou par éboulement. Pour l’heure, même si des vraies statistiques ne soient pas disponibles, mais l’on pourrait tenter de dire que la liste est déjà longue. Qu’est-ce qui pourrait expliquer cette résurgence ? Que faut-il faire pour la freiner et éviter ces drames? Jusqu’où l’État doit s’impliquer? C’est entre autres questions qu’un spécialiste en santé, sécurité et environnement au travail a tenté de répondre ce jeudi, 17 août 2023 lors de son passage dans l’émission “le Before des GG” de nos confrères d’Espace.
Tout d’abord, ce spécialiste a commencé par rappeler que la vie des nombreux jeunes et femmes dans cette partie de la Guinée en dépend. Ces cas d’éboulement qui ne restent pas sans conséquences, avec quatre (4) morts et plusieurs blessés ce jeudi, ont déjà endeuillé plusieurs familles. D’où la nécessité pour les pouvoirs publics selon Mamadou Aliou BAH, de réglementer ce secteur afin de sauver les vies de ces guinéens.
« La vie de nos compatriotes du côté de Siguiri est en danger. Nous avons évoqué cette situation à maintes reprises. Qu’on le veut ou pas, c’est le grand pain de près de dix milles guinéens. Donc cela rentre dans les différents ménages de ces personnes. Alors ce que nous pouvons faire aujourd’hui, c’est de réglementer. C’est-à-dire l’État doit avoir un droit de regard sur tout ce qui se passe sur le territoire guinéen. Quant des éboulements sont récurrents, il faut voir les causes, les effets et voir qu’est-ce qu’on prendre comme mesure de prévention et de sécurité de santé pour tous ces travailleurs. Comme je ne cesse de le dire dans vos émissions, il faut faire l’état des lieux; descendre sur le terrain pour savoir le mode opératoire de ces orpailleurs afin de coller une procédure qui y va avec. Les experts peuvent changer dans le domaine compétitivité et mettre des dispositions sécuritaires qui sont très simples mais qui peuvent fonctionner pour drastiquement diminuer cette perte des vies de nos compatriotes», a indiqué ce spécialiste des questions de santé, sécurité et environnement.
À l’en croire, quelques facteurs environnementaux pourraient également expliquer ces nombreux éboulements intervenus dans les zones minières, notamment à Siguiri. Entre autres : la chute de la terre, les roches, les métaux.
« Alors quel facteur qui fait que la terre bouge à chaque fois surtout de façon superficielle ? Quand ce n’est pas un fait naturel, c’est souvent causé par l’action anthropique. C’est-à-dire il y aura forcément de l’éboulement lorsqu’on touche à la terre, à travers surtout des activités de l’orpaillage qui consistent à creuser en profondeur, sans tenir compte des mesures de sécurité. Et quand c’est comme cela, la terre va forcément bouger pour occasionner l’éboulement. Ça veut dire que c’est bien nous qui sont en train de causer du tort à l’environnement», a-t-il mentionné.
La problématique liée à la santé, sécurité et environnement dans la préfecture de Siguiri selon lui, doit interpeller la politique des géologues dans ces mines. Ils doivent pense-t-il, étudier la qualité de la terre afin de permettre aux exploitateurs de savoir jusqu’à quel niveau de profondeur faut-il creuser et à quel moment arrêter pour être à l’abri des risques. Une règle qui à laquelle tous les orpailleurs devraient se conformer.
« Cela peut être une excellente idée car les géologues peuvent vraiment définir tout ce paramètre. Mais il faut des gens de santé sécurité qui vont les donner ces différentes mesures. Parce que le géologue lui peut venir jusqu’à telle ou profondeur pour de définir la position de l’or, mais les orpailleurs eux ne vont pas se limiter là; tant qu’ils voient quelque chose qui brille, ils vont toujours continuer à creuser un peu partout. Ce qui veut dire que le géologue lui seul ne peut pas. C’est pourquoi je plaide aussi qu’il ait des experts en santé sécurité qui puissent faire des différents rapports afin d’avoir prochainement des statiques fiables », a-t-il sollité.
Pour finir, il a interpellé les autorités de l’État à prendre des dispositions idoines devant freiner ces éboulements incessants. Autres facteurs selon lui, est de véhiculer également les messages de sensibilisation pour une prise de conscience et une meilleure compréhension des choses, surtout par ces exploitants.
Mamadi Bérété pour lunique360.com