Niger: dialoguer ou attaquer, la CEDEAO au pied du mur!

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Que décidera la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (CEDEAO) au cours de son sommet extraordinaire qui réunira, ce jeudi 10 juillet, les chefs de l’Etat de la sous-région à Abuja, la capitale nigériane? Sous la houlette de leur hôte, Bola Ahmed Tinubu, le président en exercice de l’institution, ceux qui nous gouvernent et marquent toute leur aversion pour les coups d’Etat, feront le point des actions, et surtout des sanctions, mises en branle depuis la prise de pouvoir par la force du général Abderahamane Tiani et de ses hommes.

Qu’ils soient de l’aile dure ou de celle souple, les dirigeants de la sous-région sont tous unanimes qu’il faut aboutir à la libération de Mohamed Bazoum séquestré dans son palais depuis le 26 juillet par la garde présidentielle, le réinstaller dans ses fonctions et rétablir au plus vite l’ordre constitutionnel. Pour le retour de la démocratie au Niger, tous les moyens sont mis en œuvre. Même la menace d’une intervention militaire reste de mise. La CEDEAO, dont l’ultimatum de dix jours lancé à la junte militaire a expiré depuis ce dimanche, ne se donne aucun répit, encouragée par la communauté internationale, notamment l’Union africaine, l’Union européenne, des leaders religieux, et des pays comme l’Allemagne, la France, ou encore les Etats-Unis.

Avec la CEDEAO, toutes ces organisations et ces partenaires de l’Afrique sur les plans politique, économique et militaire, devraient pourtant se rendre à l’évidence que les putschistes sont dans une posture radicale et pire dans la surenchère, malgré les mesures drastiques engagées pour les faire plier. Mais, comme le peuple nigérien et des voix qui comptent sur le continent, la CEDEAO demeure convaincue que tous les canaux de négociation doivent être épuisés et que la force sera le dernier recours. En cela, il faut saluer les actions de la CEDEAO qui ne visent, in fine, qu’à faire plier la junte et restaurer la démocratie, même si, malheureusement, les populations subissent de plein fouet les effets des mesures inédites du blocus économique.

Et si les Nigériens et Nigériennes qui ont accordé leur confiance à Mohamed Bazoum en le portant démocratiquement aux affaires, prennent, courageusement, la décision de demander aux putschistes de revenir à la raison afin de mettre ainsi fin aux souffrances engendrées par les sanctions de la CEDEAO contre ce pouvoir en kaki dont personne, ou en tout cas peu, attendait l’avènement? Ce serait l’idéal, car tout allait si bien au Niger, sous Mohamed Bazoum, même si la perfection n’est pas de ce monde des humains!

S’il n’est pas forcément celui de la dernière chance, ce sommet de la CEDEAO doit poser les bases claires d’un retour à l’ordre constitutionnel. Selon, un collaborateur proche d’un chef de l’Etat de la sous-région, le schéma de 24 mois offerts de coutume aux putschistes pour le retour à l’ordre constitutionnel ne sera pas, cette fois-ci, sur la table. D’autres pistes pourraient être explorées, avec, en priorité, la demande de la libération de Mohamed Bazoum et d’autres dignitaires incarcérés par le général Tiani et ses hommes. En attendant, prenant plus que jamais la France comme sa tête de Turc, l’accusant constamment de déstabilisation, la junte, elle cherche à consolider son coup de force, avec la nomination récente d’un Premier ministre, en l’occurrence, Ali Lamine Zeine, un ancien du régime de Feu Mamadou Tandja. M. Tandja étant l’homme du «tazartché», le président nigérien qui a essayé de prolonger son mandat pour finir ses chantiers, une prolongation qui n’a duré que 56 jours, les militaires ayant décidé de mettre fin, en 2010, à cette aventure, à la suite des manifestations de la société civile.

Une chose est certaine, la CEDEAO et les Nigériens attendent beaucoup de ce sommet extraordinaire pour donner l’opportunité au Niger de retrouver le parfum si doux de la démocratie.

Par Wakat Séra

 

 

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