Les rideaux tombent dans le dossier MHD : pour meurtre, le rappeur guinéen jugé et condamné à 12 ans de réclusion criminelle

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Après trois semaines de débats, le parquet avait requis jeudi une peine de 18 ans de réclusion contre le rappeur. MHD était jugé depuis trois semaines pour avoir participé à une expédition meurtrière, en juillet 2018, à Paris, qui avait coûté la vie à un jeune homme de 23 ans.

Toute la journée, ce samedi, plusieurs dizaines de personnes, fans ou simples connaissances, se sont massées en file indienne devant les grilles de la Cour d’appel de Paris. À partir de 20 heures, elles étaient même plus d’une centaine à s’y bousculer, face aux renforts policiers, dans l’attente du verdict du procès du rappeur MHD, pour le lynchage mortel de Loïc K., un jeune d’une cité rivale, en juillet 2018 à Paris. C’est finalement peu avant minuit que les jurés ont rendu leur décision, près de 14 heures après s’être retirés pour délibérer.

Quand la présidente a annoncé que MHD, Mohamed Sylla de son vrai nom, et cinq autres coaccusés étaient reconnus coupables de meurtre, des hurlements se sont élevés des bancs du public. Une jeune femme, en proie à une violente crise de nerfs, a dû être évacuée de la salle. Ses cris rendant inaudibles le prononcé de la décision. MHD, de son côté, est resté impassible quand la magistrate a annoncé qu’il était condamné à une peine de douze années de réclusion criminelle. Les sourcils froncés, le regard soucieux, le rappeur au double disque de platine n’a pas dit un mot, dans cette ambiance pesante. Il a étreint une jeune femme, secouée par les sanglots, avant d’être conduit au dépôt. Ses avocats, Me Élise Arfi et Antoine Vey, n’ont pour leur part pas souhaité faire de déclaration.

Trois acquittements

La peine la plus lourde, 18 ans de réclusion, a été prononcée contre Younousse S., le seul accusé en fuite, dont l’ADN avait été retrouvé sur l’une des armes du crime. Robby M. et Babacar S., qui était au volant de la Mercedes de MHD, le véhicule utilisé pour immobiliser la victime avant sa mise à mort, ont tous les deux écopé de 14 années de réclusion. Douze ans de détention ont été décidés contre Hamidou T., le seul à avoir reconnu sa présence sur les lieux des faits, tout en contestant avoir porté le moindre coup. Issifou S., dont le surnom avait été prononcé pendant la rixe mortelle, selon une expertise vidéo, a lui été condamné à dix années de réclusion.

Enfin, trois accusés ont été acquittés. Les débats, qui ont duré trois semaines, ont en effet montré sans ambiguïté que Wissem E. n’était « pas présent » lors du déferlement de violences, a motivé la présidente. Dans les bancs du public, la mère du jeune homme a laissé éclaté sa joie. Les deux autres accusés, Moussa K. et Saber B., ont quant à eux été acquittés au bénéfice du doute, sous une salve d’applaudissements, sèchement interrompue par la présidente. « Nous sommes soulagés d’avoir enfin été entendus, après ces cinq années d’instruction », a sobrement déclaré l’avocate de Saber, Me Jennifer Gairaud.

La famille de Loïc, éprouvée par ces trois semaines de débats parfois houleux, est restée silencieuse, sur son banc, pendant de longues minutes. « Cette audience a été pesante. Mais une vérité judiciaire a émergé, malgré la loi du silence, que la justice n’a pas réussi à briser », a réagi leur avocate, Me Juliette Chapelle. Dans la nuit du 5 au 6 juillet, Loïc K., 23 ans, avait été percuté par une Mercedes roulant à contresens rue Saint-Maur (Xe), avant d’être lardé au sol de 32 coups de couteau par une dizaine d’agresseurs encagoulés. Il avait ensuite été laissé pour mort sur la chaussée. Les secours n’avaient rien pu faire pour le réanimer.

Nouvel épisode sanglant des rivalités historiquesqui opposent les deux cités rivales de la Grange-aux-Belles (Xe) et des Chaufourniers (XIXe), surnommée Cité Rouge, le meurtre de Loïc était, selon l’accusation, le « match retour » tragique d’un précédent meurtre. Celui de Mehrez B., tué lui aussi à l’arme blanche en mars 2017, devant la Cité rouge. Le frère de Saber B., qui avait vu son grand frère agoniser sur le trottoir, et qui a finalement été acquitté ce samedi.

Avec le Parisien

 

 

 

 

 

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