CLIMAT: “On n’a plus le temps” : à six mois de la COP28, la crainte d’un “sommet des énergies fossiles”

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Les représentants de près de 200 pays se réunissent à Bonn, en Allemagne, à partir de lundi, pour préparer la COP28, prévue en décembre aux Émirats arabes unis. Une répétition générale pendant laquelle Sultan al-Jaber, le président du sommet et PDG d’une compagnie pétrolière, devra répondre à l’inquiétude des défenseurs de l’environnement de voir cette COP devenir “une convention des énergies fossiles”.
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Les représentants de près de 200 pays se réunissent à Bonn, en Allemagne, à partir de lundi, pour préparer la COP28, prévue en décembre aux Émirats arabes unis. Une répétition générale pendant laquelle Sultan al-Jaber, le président du sommet et PDG d’une compagnie pétrolière, devra répondre à l’inquiétude des défenseurs de l’environnement de voir cette COP devenir “une convention des énergies fossiles”.

Sultan Al-Jaber, PDG d’Adnoc, la compagnie pétrolière d’Abu Dhabi, et président de la COP28, lors de la conférence “UAE Climate Tech”, à Abu Dhabi, le 10 mai 2023.
Sultan Al-Jaber, PDG d’Adnoc, la compagnie pétrolière d’Abu Dhabi, et président de la COP28, lors de la conférence “UAE Climate Tech”, à Abu Dhabi, le 10 mai 2023.
AFP
Le président d’une des plus importantes compagnies pétrolières au monde peut-il mener à bien des négociations cruciales sur le climat ? La COP28, prévue du 30 novembre au 12 décembre à Dubaï, aux Émirats arabes unis, est censée être l’un des sommets les plus importants dans la lutte contre le dérèglement climatique. Pour la première fois, les États doivent y effectuer un “bilan mondial” des mesures prises depuis l’adoption de l’Accord de Paris en 2015. Autrement dit, regarder ce qui a déjà été fait pour limiter le réchauffement de la planète à +1,5 °C depuis l’ère industrielle.

C’est “l’opportunité pour notre génération de corriger la trajectoire sur laquelle nous sommes”, estimait début mai le secrétaire exécutif de la Convention climat des Nations unies, Simon Stiell, alors que les scientifiques ne cessent de dénoncer des émissions de gaz à effet de serre qui continuent d’augmenter et des mesures insuffisantes pour les réduire.

Pourtant, à six mois de l’échéance, de nombreux défenseurs de l’environnement craignent que cette COP28 ne soit pas à la hauteur de l’urgence climatique. Dans leur viseur : le président du sommet, l’émirati Sultan al-Jaber, ministre de l’Industrie des Émirats arabe unis – pays dont l’économie repose principalement sur l’or noir – et, surtout, PDG de la compagnie pétrolière nationale d’Abou Dhabi (Adnoc).

“Les combustibles fossiles sont responsables de 90 % des émissions mondiales de CO2. Notre dépendance au pétrole, au gaz et au charbon est l’une des premières causes du dérèglement climatique”, rappelle Louis-Maxence Delaporte, analyste énergie au sein de l’ONG Reclaim Finance, qui documente les impacts du secteur financier sur le climat. “On n’a plus le temps de rester bloqués sur les négociations à propos des énergies fossiles. Il faut en sortir le plus rapidement possible pour aller vers le renouvelable.”

“Déjà à la COP27, en Égypte, plus de 600 lobbyistes du pétrole et du gaz étaient présents – un nombre inédit. Et aujourd’hui, on en place un à la tête du sommet”, dénonce Elise Buckle, activiste pour le climat, fondatrice de l’association She changes climate. “Comment être certains que Sultan al-Jaber privilégiera la planète et pas ses intérêts privés et ceux de son pays ?”, souligne-t-elle.

En 2022, la COP27 s’était terminée sur un bilan en demi-teinte. Les dirigeants avaient, certes, signé un accord historique sur l’aide aux pays pauvres affectés par le changement climatique, mais la question de la réduction de l’usage des énergies fossiles avait à peine été mentionnée dans le texte final. Le résultat, selon les ONG, de la présence de ces lobbys à la table des discussions.

Des appels au retrait
Face à ces inquiétudes et alors que s’ouvre lundi, à Bonn, en Allemagne, une session de négociations sur le climat pour préparer la COP28, plusieurs voix s’élèvent pour appeler au retrait de Sultan al-Jaber de la présidence. Parmi eux, une centaine d’élus du Congrès américain et du Parlement européen ont adressé une lettre ouverte, le 23 mai, au président américain Joe Biden, à la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen et au secrétaire général des Nations unies Antonio Guterres. “Nous vous exhortons à faire pression pour que les Émirats arabes unis renoncent à la nomination de Sultan al-Jaber”, écrivent-ils, faisant part de leur “profonde inquiétude”.

Dans cette missive, les élus demandent également de limiter “l’influence des industries polluantes” dans ces réunions climatiques, déplorant cette proéminence des lobbys. “Nous ne pouvons pas laisser des intérêts particuliers créer davantage d’obstacles dans la course contre le changement climatique”, a plaidé sur Twitter Sheldon Whitehouse, l’un des sénateurs américains les plus engagés sur les questions climatiques.

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