Discours de nouvel an: Cellou Dalein Diallo s’interroge sur les intentions du Colonel Mamadi Doumbouya
Le président de l’Union des Forces Démocratiques de Guinée (UFDG) El Hadj Cellou Dalein Diallo dans son discours d’adresse à la nation de ce dimanche 31 décembre, s’est exprimé sur les faits qui ont marqué l’année 2023 en Guinée. Il s’interroge sur plusieurs questions notamment la volonté du président de la transition Colonel Mamadi Doumbouya de transmettre le pouvoir à un civil.
Dans son discours d’adresse à la nation de ce dimanche 31 décembre 2023, il a avant tout d’abord exprimé sa solidarité envers les victimes de l’événement tragique survenus fin 2023 suite à l’explosion du principal dépôt des hydrocarbures de Kaloum. “Je renouvelle ma solidarité avec toutes les victimes, décédées ou blessées, et ma compassion aux familles éplorées. Je rends hommage aux forces de défense et de sécurité, notamment aux agents de la protection civile, dont l’action courageuse et déterminée a permis de limiter les dégâts. Je félicite le corps médical pour son remarquable dévouement dans la prise en charge et le traitement des blessés. Je salue le bel élan de solidarité du peuple de Guinée à l’endroit des populations éprouvées par cette tragédie.”
Le pensée du leader politique va également à l’endroit des victimes des tueries lors des différentes manifestations à Conakry. “Je voudrais profiter de cette occasion pour honorer la mémoire des Guinéennes et Guinéens qui ont été arrachés à l’affection de leurs proches sous l’effet de la brutalité et de l’arrogance de ceux qui nous gouvernent. Je pense en particulier aux 37 jeunes récemment abattus le long de l’axe Hamdallaye-Kagbelen alors qu’ils protestaient contre les coupures intempestives d’électricité ou contre la violation par la junte de la Charte de la Transition. Ces jeunes, dont la plupart avaient moins de 20 ans, et leurs parents, n’ont pas eu droit, comme beaucoup avant eux, pour des raisons incompréhensibles, ni à la compassion de la République, ni à la moindre justice. Or, tout le monde sait que l’impunité encourage la récidive. Et comme le disait Léonard de Vinci, «Qui néglige de punir le mal le cautionne ».”
De l’incendie du principal dépôt des hydrocarbures de Kaloum, aux tueries lors des manifestations sur la route le Prince, Cellou Dalein Diallo s’est ensuite exprimé sur l’immigration clandestine des jeunes guinéens vers des pays d’Europe ou d’Amérique. “L’année 2023 a été aussi marquée par un départ massif de notre jeunesse pour l’étranger, notamment à destination de l’Europe via le Maghreb et la Méditerranée, et de l’Amérique du Nord via le Nicaragua et le Mexique. Écrasés par le chômage, la précarité des conditions de vie et les restrictions des libertés, ces jeunes n’ont pas hésité à traduire en musique l’envie pressante de partir. « Quittons le pays ! », ce slogan chanté en chœur par les jeunes guinéens, est l’écho de cette volonté de fuir l’inhospitalité politique, le chômage endémique et la pauvreté, fléaux aggravés par l’incapacité des pouvoirs publics à prendre en charge les questions vitales de l’éducation, du développement rural et de l’industrialisation de notre pays.
C’est dans ces circonstances que l’acteur politique guinéen exige des détenteurs du pouvoir actuel à favoriser le dialogue avec l’ensemble des forces représentatives du pays. “C’est par le sens retrouvé du dialogue, du compromis et de l’intelligence de nos intérêts communs que nous pouvons faire de notre pays un lieu d’espérance où la vie vaut la peine d’être vécue pour tous. Le dialogue avec les forces représentatives de notre société est consubstantiel au succès de la transition et de ce fait, exige des détenteurs du pouvoir actuel, courage et dépassement de soi pour le salut de la nation.”
Comme bon nombre des guinéens, l’exilé politique émet des doutes sur un éventuel conservation du pouvoir par les militaires. “Comme vous, n’étant pas dans le secret des dieux, je ne peux augurer de l’avenir. Mamadi Doumbouya partira-t-il de lui-même au terme de la transition telle que convenue avec la CEDEAO ou voudra-t-il conserver le pouvoir ? Organisera-t-il des élections régulières ou voudra-t-il imposer un homme de son choix ? Je n’ai pas, comme beaucoup d’entre vous, de réponses à ces questions. Par contre, nous savons tous que la gestion actuelle de notre pays n’a rien à voir ni avec le discours décliné le 5 Septembre par le Colonel ni avec la Charte de la transition qui devait servir de référence aux autorités pendant la durée de cette période d’exception.”
On attend de voir si le Colonel Mamadi Doumbouya a la volonté de céder le pouvoir dans la transparence en organisant des élections libres et transparentes? Ce qui reste clair, l’avenir nous le dira.